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Et si la privation nourrissait ceux qui meurent de faim?

  • Photo du rédacteur: katerinafrederic
    katerinafrederic
  • 14 avr. 2016
  • 2 min de lecture

Spécialité du chef: côte de veau nappée d’une sauce crémeuse aux morilles accompagnée de linguini au beurre épicé et légumes du jour en julienne. De quoi vous mettre l’eau à la bouche, mais je choisis quand même la salade verte, noix de pins et thon. Sans sauce, s’il vous plait. L’impatience grimpe d’un cran lorsque l’estomac se met à déconner. Le pain chaud soigneusement déposé sur la table par la serveuse me fait de l’oeil. Je résiste…


Je déguste lentement mon 4 oz de vin blanc sec - il fallait choisir celui qui est le moins sucré - en attendant l’arrivée de mon festin santé. Ça m’amène à penser à toutes ces fois où je me suis félicitée de ne pas avoir laissé la faim gagner. Raison de plus pour ne pas dévorer ce pain qui s’illumine au coin de mon regard.


Rares sont les personnes qui, à la lecture de ces lignes, ne sauteront pas à la conclusion fataliste du trouble alimentaire. Distinguons la relation amour-haine avec la nourriture de ce réel sentiment de dégout, de mépris et de culpabilité qui détruit la vie des gens atteint par la maladie. Nous ne discuterons pas de la question d’anorexie ou de boulimie, mais nous ferons plutôt état d’une angoisse ravageuse que vivent plusieurs femmes - et de plus en plus d’hommes, celle de la lutte semi-consciente contre la faim.


Près de 75% des Américaines âgées entre 25 et 45 ans affirment avoir une relation malsaine avec leur alimentation ou leur corps, selon une étude menée par Self Magazine et l’Université de Caroline du Nord en 2008. Selon un sondage de la firme Ipso Reid pour les Producteurs laitiers du Canada, environ 73% des Canadiennes de toutes tailles aimeraient perdre quelques livres et 37% des femmes ressentiraient de l’anxiété quant à la gestion de leur poids.


Impossible de dire pourquoi il faut impérativement éviter tout ce qui pourrait être bon pour la santé mentale. Le Guide alimentaire canadien nous indique qu’il faut manger plus du double de fruits et légumes que de viandes et substituts, éviter les gras et les sucres raffinés ainsi qu’être actif. En parallèle, les médias sociaux ruissèlent de nouveaux régimes miracles tous aussi novateurs les uns que les autres qui nous culpabilisent d’avoir osé ce gâteau triple chocolat avec deux boules de crèmes glacées à l’érable.


Il est facile de ne pas considérer la rivalité entre gargouillis et poignées d’amour comme étant un trouble alimentaire, mais plutôt comme un fait avec lequel il faut composer toute sa vie. Toutefois, cette vision implique l’acceptation d’une attitude douloureuse envers nous-même. Est-ce que la fierté de gagner la bataille contre la faim entraine réellement une hausse de l’estime personnelle ? Nous ne tenterons pas de nous psychanalyser, mais force est de constater que cette culture de la culpabilité alimentaire n’est pas saine.


L’absurdité de l’occident qui laisse pourrir cette nourriture qu’on refuse de manger pour une silhouette que seulement 5% des femmes possèdent me rend mal à l’aise. Si au moins notre privation permettait d’alimenter ces 795 millions de personnes qui souffrent d’une faim involontaire.




 
 
 

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