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Un resto aux couleurs du Vieux Hull

  • Photo du rédacteur: katerinafrederic
    katerinafrederic
  • 10 oct. 2015
  • 6 min de lecture

Une dizaine de restaurants sur un demi-kilomètre de rue et des édifices fédéraux : c’est ça le centre-ville de Gatineau.


Par Katerina Frédéric


Les 10 degrés ensoleillés de ce vendredi d’octobre ont laissé sur la rue Laval des dizaines de fonctionnaires affamés vêtus jusqu’aux oreilles de leur laine et leur manteau chic. Le centre-ville s’anime pour la petite heure ou deux qu’ils ont pour aller « luncher », en bon franglais. Les quelques dix restos du coin ne tarderont pas à se remplir de ce brouhaha quotidien des discussions politiques, de rires francs et des potins de quartier.


Ce qui est drôle avec la quatrième plus grande ville du Québec, c’est que parallèlement à une haute concentration d’édifices à bureaux se développe une vie urbaine un peu plus marginale sur les quelques 500 mètres que caractérise le pseudo centre-ville de Gatineau, affectueusement surnommé le Vieux Hull. Ces dernières années, ont poussés cafés-bistros, bars ludiques, microbrasseries outaouaises et restaurants originaux.

Source: visioncentreville.com

Le bistro CoqLicorne, comme plusieurs autres commerces du coin, s’inspire de la personnalité du quartier pour attirer une clientèle bien particulière. Cela fait maintenant trois ans qu’Isabel Thériault, Martine Boucher et Emmanuel Croteau-Benoit accueillent fonctionnaires et étudiants le temps d’un verre et d’un bon burger. Bien installé au coin des rues Laval et Wright, l’ancienne maison ouvrière occupée par le restaurant CoqLicorne avoisine une multitude d’autres commerces aux noms tout aussi loufoques dont le café 4 Jeudis, le Pêle Mêle, le Où Quoi et les Vilains Garçons, pour n’en nommer que quelques un.


« C’est pendant une soirée arrosée avec des amis qu’Emmanuel a trouvé le nom du resto. On voulait faire un clin d’œil à l’artiste peintre Jean Dallaire qui est né sur la rue Vaudreuil, à un coin de rue d’ici. Le nom Coq Licorne nous a paru rendre un bel hommage à l’une de ses œuvres les plus connues et on trouvait que ça représentait bien la personnalité du Vieux Hull », explique Isabel Thériault, copropriétaire et serveuse du restaurant CoqLicorne.


Le serveur Éric Veilleux croit que la beauté de ce restaurant, c’est entre autres la polarité de sa clientèle. « C’est le jour et la nuit, ici ! À l’heure du lunch et l’après-midi, c’est une majorité de fonctionnaires qui vient manger et profiter du happy hours entre 5 et 7. Quand ils sont partis, le quartier commence à s’animer d’étudiants ou des gens qui travaillent dans les restos du coin, d’artistes et de musiciens. »


L’ouverture d’esprit des propriétaires et la liberté dont jouissent les employés font de cette entreprise une perle rare, selon Éric. Il affirme que les patrons sont très ouverts aux changements que peuvent proposer les employés concernant certaines façons de faire, les plats, les bières et même les vins. « On a même une bière et 50% de rabais sur la bouffe à la fin de notre journée de travail, » se réjouit-il.


Communautaire et bouffe locale

Aux alentours de 13h, juste après l’heure du « rush », un jeune homme entre dans le bistro avec une petite boite cartonnée sans étiquette qu’il dépose sur le comptoir. J’arrive à lire sur le bon de commande rédigé maladroitement à la main : La Pleurotière, L’Ange-Gardien. Et de «googler» instantanément le nom de l’entreprise, pour me rendre compte qu’il s’agit d’une ferme locale appartenant à deux amis producteurs des champignons biologiques dans un village non loin de la ville.


Selon Isabel Thériault, l’Outaouais regorge de commerçants et de producteurs locaux qui sont prêts à collaborer avec les restaurateurs. « Pour nous, c’est très important d’utiliser le plus possible des produits de la région. Le poulet vient de la ferme Savurs des Monts, le tofu de la Soyarie, les champignons de la Pleurotière, le lait de la Laiterie Outaouais, le pain d’Art is In d’Ottawa, le fromage de la Fromagerie des Folies bergères de St-Sixte, le café de la Tierra Coop et le thé de la Maison de Thé Cha Yi. En plus, quand il y avait le Marché Vieux Hull où viennent exposer des commerçants locaux tout au long de l’été, on encourage le cuisinier à aller acheter ce qui l’inspire pour le spécial du soir. »


L’engagement local se ressent jusque dans les détails avec des alcools comme la vodka québécoise Pur, le gin Ungava, le rhum Chic Choc, le brandy de pommes Calijo de Michel Jodin et plusieurs autres. Isabel soutient que même les vins québécois sont les bienvenus lorsque la qualité s’y prête notamment avec le vin de fraise Zéphyr ​et le rosé Champ de Florence. Ils tiennent même le montréalais cola 1642!


« Les gens nous demandent souvent des bières d’ici, mais je préfère leur proposer d’aller directement au Gainsbourg ou au Brasseur du Temps pour y vivre l’expérience là-bas. La raison pour laquelle on n’a pas de bière gatinoise, c’est que les clients peuvent tout simplement traverser la rue et ça permet à ces brasseries de toucher une plus grande clientèle, explique Isabel. On privilégie toutefois des bières québécoises avec des brasseries de Montréal, Joliette et Rigaud. »


Du pittoresque à l’agréable

Un bar recouvert d’une mosaïque de tuiles aux couleurs de l’œuvre de Jean Dallaire, une sélection de « coq-tails » sur une ardoise peinte sur de modestes planches de contreplaqué et une vingtaine d’œuvres de l’artiste-bédéiste gatinois Guillaume Perreault placardée au mur décrivent bien l’ambiance de l’un de ces cafés modernes et underground du Mile-End avec ses tables hautes de style bistro industriel.


Impossible de ne pas sourire à la lecture du menu : Un cocktail de gin québécois Ungava, de Cidre Mystique, de bleuets, de guimauve grillée et d’une branche de sapin devient la Guerre de Tuques. L’originalité se traduit aussi par « l’Oiseau jongleur », plat composé d’une poitrine de poulet frit, de gaufres, d’un œuf poché accompagné d’une salade de choix de Savoie et de sirop d’érable. Emmanuel Croteau-Benoit considère que la couleur du nom des plats stimule les deux côtés du cerveau. Il soutient à la blague que le cerveau rationnel voit une simple soupe à l’oignon alors que le côté artistique s’imagine plutôt le « Confort du Yéti ».


Stéphane Grondin, employé du Musée canadien de l’histoire et client régulier du CoqLicorne, s’est notamment laissé charmer par l’originalité des plats, leur simplicité et surtout leurs prix abordables. Il ajoute que l’ambiance chaleureuse et la fraternité des employés rendent l’atmosphère agréable. « La proximité entre les clients et l’équipe se voit non seulement par la taille de la salle à manger et la cuisine à aire ouverte, mais aussi par l’excellent service à la clientèle. On a l’impression d’aller manger dans la belle petite maison des propriétaires. Par contre, la petitesse fait que c’est un peu bruyant, mais selon le contexte, ça peut rajouter à l’ambiance. »


M. Grondin affirme que pour sa part, les aliments locaux utilisés par le restaurant sont non seulement un gage de qualité, mais garantissent la fidélité de la clientèle et le développement de l’économie locale. « Quand tu prônes le développement régional, c’est important d’encourager les petites entreprises locales comme le CoqLicorne. Pour moi, c’était un coup de cœur automatique. »


Développement du centre-ville

Le Vieux Hull semble connaitre un vent de renouveau avec des investissements en infrastructures, en immobilier urbain et en animation de l’ordre d’environ 12 millions de dollars, selon le directeur général de l’association des gens d’affaires Vision Centre-ville, Stéfan Psénak. Également résidant du quartier, il soutient que les commerçants du coin œuvrent de concert pour revitaliser et dynamiser le quartier. « On travaille fort à renforcer le sentiment d’appartenance et de fierté des Gatinois, notamment par la création d’un cœur névralgique. Il y a un réel potentiel ici et ce lieu unique s’est bâti par son histoire, son patrimoine et sa culture particulière. »


Selon M.Psénak, le cœur de la ville a besoin d’être entretenu et valorisé. Le projet prévoit notamment l’enfouissement des fils électriques, le pavage de la rue Laval qui s’inscrit dans un projet de piétonnisation annuel (actuellement, ce tronçon est fermé à la circulation de mai à octobre selon la Ville de Gatineau) et la création d’infrastructures pour recevoir des évènements dans un désir de création d’un « quartier créatif », explique-t-il.


Isabel qui fait également parti du comité de l’association de commerçants Vision Centre-ville est d’avis que la demande évènementielle est bien réelle, mais qu’il manque d’infrastructures. Le bar le Petit Chicago, situé à quelques coins de rue, reçoit l’auteur-compositeur-interprète Bernard Adamus le 27 novembre prochain et plus de 500 personnes avaient confirmé leur présence alors que le bar ne dispose que de 150 places. « Les billets ont été vendus en seulement 15 minutes ! Il y a une réelle demande pour ce genre d’évènement et il faut impérativement développer des infrastructures adéquates. »


C’est à travers des entreprises engagées et soucieuses de se développer aux couleurs du quartier que le CoqLicorne et ses compatriotes participent à l’animation du Vieux Hull qui somme toute, semble renaitre de ses cendres.


 
 
 

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