Brault : Festival du Nouveau Cinéma
- katerinafrederic
- 30 oct. 2013
- 3 min de lecture
- Analyse cinématographique -
Le film Les Ordres Michel Brault réalisé en 1974 a été projeté au Cinéma Impérial en hommage à son œuvre, samedi dernier dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal qui se tient actuellement dans la métropole pour une 42ème édition.
Une file attendait impatiemment l’ouverture des portes du cinéma peu avant 21h30. Près d’une soixantaine de personnes se sont rassemblés pour assister à
la projection gratuite du film de Michel Brault mettant en vedette Jean Lapointe, Hélène Loiselle, Guy Provost, Louise Forestier et Claude Gauthier.
Le public a été chaleureusement accueillit par le producteur et ami de Michel Brault, Bernard Lalonde qui tenait à remercier son défunt ami pour l’œuvre qu’il aura transmise au Québécois. C’est le plus bel hommage qu’on peut lui rendre que de se laisser inspirer par son cinéma qui continue de vivre, a-t-il affirmé. «Merci à Brault».
Inspiré des témoignages de cinq victimes de la Loi contre les mesures de guerre en octobre 1970, Les Ordres de Michel Brault raconte l’arrestation et le séjour douloureux en prison de ces personnages. À travers «ce sentiment de rage et d’impuissance» toujours présent, le public sera entraîné dans l’intimité des détenus injustement emprisonnés qui deviennent des victimes de l’État sous Robert Bourassa. C’est en hommage au grand cinéaste québécois, décédé le 21 septembre 2013 à 85 ans d’une crise cardiaque à Toronto, que le film a été diffusé par le producteur et ami du défunt, Bernard Lalonde.
Une forme sémantique réussie

Jamais deux heures d’histoire n’auront passé aussi rapidement grâce à une intrigue narrative qui nous garde collés à l’écran du Cinéma Impérial de Montréal. La chronologie des évènements se voit parsemée de témoignages, ce qui vient fixer l’histoire dans son époque pour y redonner un réalisme incontournable. Le quatrième mur est brisé par les comédiens qui s’adressent directement à la caméra en présentant leur nom d’acteur ainsi que le nom du personnage qu’ils interprètent ; ainsi, Brault vient créer un lien de confidence et de proximité entre la trame narrative et son public.
Un film parfois en noir et blanc, parfois en couleur, Les Ordres explique le passé troublant de la Crise d’Octobre en se basant sur les témoignages de cinq personnages ayant été victimes de la Loi contre les mesures de guerre. La question des couleurs et du noir et blanc demeure sans réponse, même pour Lalonde qui souligne «Michel [lui] a dit Bernard, j’aimerais ça tourner en couleur pis en noir et blanc. Alors [Bernard se dit], ah bin oui, tout ce qui est extérieur, on va le tourner en couleur pis tout ce qui est en prison, on va le tourner en noir et blanc.» Michel Brault aura affirmé que c’était plutôt le contraire. Bernard soutient que Guy Provost, alors qu’il fait son entrée dans la prison, remarque la couleur des murs. Le noir et blanc utilisé pendant les scènes hors de la prison rend abstrait, porte un recul et met un voile alors que la couleur de la prison donne du «punch», selon le producteur.
Le film propose une forme cinématographique qui appuie le message de fond. Un montage à mi-chemin entre la fiction et le documentaire permet d’ancrer le récit dans l’histoire québécoise tout en profitant de la fonction phatique propre à la fiction pour y ajouter une teinte émotive.
Un Québec bouleversé
La Crise d’Octobre s’est imprimé dans le cœur des Québécois comme une profonde marque de leur identité. Le peuple s’exaspère contre le taux de chômage et le Front de Libération du Québec (crée en 1963), responsable de l’enlèvement du diplomate britannique James Richard Cross et du ministre provincial du travail Pierre Laporte, pousse le gouvernement de Bourassa et la municipalité de Montréal à procéder à l’application d’une Loi contre les mesures de guerre pendant la nuit du 15 au 16 octobre 1970. Le Québec est troublé et plus de 450 personnes seront victimes de cette loi militaire appuyée par le gouvernement du Canada et son armée.
Pour en savoir plus : http://archives.radio-canada.ca/guerres_conflits/desordres_civils/dossiers/81/
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